Quels métiers demain ?
Des métiers pour produire
et construire
Date de publication : 25 septembre 2020
Ces métiers se définissent par la maîtrise de gestes techniques (artisanat, bâtiment…) ou d’une technologie (automatisation industrielle). Dans ce cas, ils nécessitent une double compétence pour s’adapter au secteur d’activité : on ne produit pas du chocolat comme du ciment !
Des jeunes pros témoignent
Mon parcours
1 semaine de stage découverte lui aura suffi pour adopter le métier de carreleur, cet artisan, souvent mosaïste, qui pose les sols et décore les murs. "Mon grand-père était maçon, mais je n’ai pas trouvé de stage, alors j’ai choisi carreleur." Le DNB (diplôme national du brevet) en poche, Thomas retrouve l’entreprise qui l’a accueilli en 3e et se lance dans un CAP carreleur en apprentissage au CFA de Loire-Atlantique. Il enchaîne avec un BP, avant d’être embauché, à 18 ans, chez Marcoretz, à Nantes. Il y restera 8 ans. Puis, en juin 2019, il crée son entreprise : Landreau Ceramic Design à Saint-Père-en-Retz en Loire-Atlantique. Il souhaitait en effet faire "un travail minutieux, de qualité, vraiment unique".
Mon quotidien
Thomas propose des carrelages, faïences, terrasses, douches italiennes... Pour l’instant unique salarié de son entreprise, il est au quotidien sur le terrain. "C’est un travail de précision où la finition compte beaucoup", confie-t-il. Un carreleur a l’avantage de travailler en intérieur, contrairement à ceux qui s’occupent du gros œuvre (fondations, maçonnerie, charpente…), mais cela ne rend pas le métier moins physique : "On est toujours en flexion. Et, quand il faut décharger deux palettes de 1,3 tonne, on dort bien le soir !" Les carreaux, remarque-t-il, sont en outre de plus en plus gros. Depuis qu’il est chef d’entreprise, il a plus de travail administratif. "Mais si on s’y met régulièrement, on n’est pas submergé", explique-t-il. L’activité de son entreprise représente à 80 % des rénovations, ce qui lui plaît beaucoup.
Mes atouts
Thomas va de succès en succès. Son amour du travail bien fait l’a mené à gagner la compétition WorldSkills de São Paulo au Brésil en 2015. Maintenant qu’il est à son compte, il doit faire face à une "demande énorme". Désormais, il peut donc choisir ses chantiers. "Il faut aimer ce que l’on fait et donner de son temps, explique-t-il, chaque chantier réserve des surprises, mais c’est ce qui rend le métier passionnant."
Mon parcours.
Après un bac littéraire option histoire de l’art à Besançon, Pauline a fait une licence de médiation culturelle à Paris 3. Puis elle a suivi un master muséologie et nouveaux médias, avec 1 an à l’université Humboldt de Berlin et 1 an en alternance chez Paris musées, qui réunit les 14 musées municipaux de la Ville de Paris. Chargée de projets au service numérique de cet organisme, elle a pu se former aux questions de copyright et de droits d’auteur, en travaillant notamment sur une refonte du site Internet "afin de mettre davantage les œuvres en avant". Elle a également travaillé avec des prestataires extérieurs sur des outils numériques (comme des applications mobiles) ou sur les contenus des écrans tactiles dans les parcours d’exposition. Elle a participé à la réouverture d’un musée historique. À l’issue de son contrat d’apprentissage, Pauline a enchaîné avec un CDI au Musée d’histoire du château des ducs de Bretagne, à Nantes, grâce à une offre d’emploi trouvée sur Linkedin.
Mon quotidien.
"Je travaille avec une équipe plus réduite qu’à Paris musées." Du coup, Pauline s’occupe d’une large palette d’activités : gérer le compte Instagram du musée, participer au lancement des marchés publics, puis travailler avec les prestataires pour concevoir les dispositifs numériques des différentes expositions… Tout cela en lien avec les conservateurs et les médiateurs. Pauline craignait au départ que le numérique ne l’éloigne des œuvres. "Ce n’est pas du tout le cas !" se réjouit-elle. Elle est également sur le terrain, notamment lorsqu’elle réalise des vidéos sur des artistes contemporains.
Mes atouts.
"Je fais un véritable travail de pédagogie", explique la jeune femme. Elle apprécie également l’esprit d’équipe. L’alternance lui a permis d’acquérir une expérience solide dans le numérique et d’enrichir son réseau relationnel.
Mon parcours.
En 2de, Vincent intègre le lycée privé d’Airbus pour devenir mécanicien. Après avoir travaillé 5 ans pour cette société, il achète une petite entreprise de traiteur itinérant, puis entame des études de droit avant de rejoindre les Compagnons du Devoir pour une formation de menuisier en alternance. Employé chez un artisan, il passe son CAP. Menuisier, on peut l’être dans une entreprise industrielle, mais aussi dans l’artisanat, la restauration de monuments historiques… En 2015, Vincent intègre un bureau d’études spécialisé dans l’agencement, où il conçoit des panneaux dérivés du bois pour des visuels dans le domaine du luxe. Puis il crée sa propre agence d’aménagement intérieur, avant d’être recruté par les Compagnons du Devoir pour créer une formation post-bac. Il est désormais designer industriel pour une entreprise de marbrerie où il s’occupe de créer de nouveaux matériaux composites et écoresponsables.
Mon quotidien.
"Je voulais collaborer avec des architectes d’intérieur et des designers de luxe." Aujourd’hui, son métier peut sembler loin de la menuiserie, puisqu’il fait des modèles en 3D et applique des algorithmes pour renforcer les matériaux. Ses innovations sont ensuite brevetées. Mais il travaille aussi la matière : "Les compositions de minéraux sont renforcées par des fibres et nous tentons d’optimiser les formes", explique-t-il. Surtout, il remarque une ressemblance entre le marbre et le bois : "On déplie la matière pour créer un beau motif."
Mes atouts.
Vincent garde un très bon souvenir de sa formation au sein des Compagnons du Devoir. Ainsi, une fois diplômés, les Compagnons font un tour de France… ou plutôt d’Europe pendant 5 ans. Logés, ils suivent des cours en soirée et le samedi. "C’est une belle expérience, humaine et professionnelle. Je suis allé à Édimbourg, à Bruxelles, à Strasbourg, en Bretagne… J’ai travaillé plusieurs bois et connu diverses organisations. J’ai eu beaucoup de propositions d’emploi." Il a pu travailler dans le luxe, comme il le souhaitait, puis diriger sa propre entreprise durant quelque temps. Désormais, il est heureux d’apporter sa pierre à de nouvelles techniques : "Aujourd’hui, toute innovation se doit d’être écoconçue." En cela, il a le sentiment de respecter le principe du compagnonnage puisqu’il s’appuie sur les technologies d’autrefois pour en inventer de nouvelles, en ayant toujours en tête "d’être au service de l’humain".
Mon parcours
Après un bac pro aménagement et finition du bâtiment passé en Bretagne, Morgane, qui souhaitait devenir décoratrice d’intérieur, a tenté en vain d’intégrer un BTS en alternance. N’ayant pas trouvé d’entreprise pour signer un contrat d’apprentissage, elle s’est tournée vers les Compagnons du Devoir, qu’elle connaissait grâce à des journées portes ouvertes organisées à la maison des Compagnons de Rennes. Elle a ensuite entamé un tour de France de 7 ans qui l’a menée à Mulhouse, à Rodez, à Angers, à Dijon mais également en Belgique et en Angleterre. Rémunérée, elle a travaillé et s’est formée en parallèle tout en étant logée par les Compagnons.
Elle a ainsi obtenu un CAP peintre en bâtiment, puis un BP et une mention complémentaire peinture, imitation de marbres et de bois, dorures, trompe-l’oeil, harmonie des couleurs. "Mon projet est de devenir professeur en CFA. J’avais donc envie de bien me former pour transmettre mes connaissances à des jeunes", explique Morgane. Elle a terminé son tour de France à La Rochelle, où elle a été embauchée en CDI en tant qu’ouvrière qualifiée au sein d’une entreprise de sept salariés. Parallèlement, elle intervient en tant que "maître de métier" à la maison des Compagnons de La Rochelle pour former et accompagner de jeunes plâtriers, peintres et soliers.
Mon quotidien
En tant que peintre, Morgane travaille avec des architectes d’intérieur pour qui elle fait "de la préparation, de la finition, avec du blanc ou de la couleur, mais aussi des peintures décoratives, effet sablé, béton ou métal, qui demandent un savoir-faire particulier". Elle applique aussi des revêtements muraux, toile de verre ou papier peint, des sols, et elle pose des parquets. "C’est un travail d’artisan, explique-t-elle, car on est vraiment autonomes sur nos chantiers, notamment lorsqu'il faut répondre aux demandes des clients. Et on prend le temps de bien faire les choses sans oublier aucune étape…"
Mes atouts
Ce qui lui plaît le plus, c’est "le contact avec les clients, répondre à leurs demandes, les conseiller et voir qu’ils sont satisfaits". Elle aime aussi la pose des papiers peints et le travail de préparation qui représente, précise-t-elle, "70 % du travail si on veut que la finition soit belle". Certains anciens pensent parfois encore que les femmes n’ont rien à faire dans le bâtiment, et vont la "tester" pour voir si elle "en veut vraiment". Mais Morgane, qui a du caractère, fait vite comprendre qu’elle est là pour faire un travail d’équipe, d’égal à égal. "Ces attitudes concernent une minorité de collègues", souligne-t-elle. Il y a désormais de plus en plus de femmes dans le métier de peintre en bâtiment.
Mon parcours
Après un bac en arts appliqués passé en Isère, en Auvergne, Anthony s’est rendu compte que travailler en bureau d’études ne lui convenait pas et qu’il voulait "toucher à la matière". Aussi s’est-il lancé dans un DMA (diplôme des métiers d’art) en céramique artisanale, un diplôme de niveau bac + 2 obtenu par la voie scolaire où il a retrouvé "le contact avec la matière : je ne peux pas m’en passer". Le travail des émaux céramique se rapprochant de la chimie du verre, il a poursuivi par un DMA arts du verre à Moulins, où il a appris les techniques verrières.
Cherchant à rejoindre sa compagne qui travaillait en Lorraine, il a alors postulé à l’école Lalique en Alsace, où il a pu se former durant 1 an en contrat de professionnalisation. Cette formation, sélective, assure un emploi à ceux qui y préparent des "métiers rares" comme tailleur de verre ou spécialiste du sablage ou du polissage, une technique, dit Anthony, "qui donne vie au verre". Ainsi, en 2014, il a signé un CDI pour entrer à l’usine Lalique à Wingen-sur-Moder, où travaillent 260 salariés.
Mon quotidien
Les pièces de verre de la cristallerie Lalique sont produites en nombre grâce à des moules en fonte, mais certaines parties sont trop fines pour être moulées. Anthony intervient donc pour les sculpter. C’est par exemple le cas des jambes des couples de chevaux Lalique. Anthony enlève les défauts, provenant notamment des bavures des moules ou des imperfections du verre. Il peaufine les muscles, les visages, refait les yeux… Pour cela, il utilise des outils flexibles ou des roues abrasives. Anthony travaille généralement de 7 h à 14 h 45 et parfois de 6 h à 15 h au sein d’une équipe de quatre tailleurs composée de "deux hommes forts qui taillent avec les machines" et de deux retoucheurs, dont lui, qui travaillent le verre dans le détail.
Mes atouts
Anthony a été primé meilleur ouvrier de France en 2018 après avoir sculpté lors de ce concours un bloc brut de cristal qu’il a transformé en un buste de pharaon selon un cahier des charges précis. Il intervient sur des pièces fabriquées en série, mais aussi sur des pièces uniques comme des poissons-lions. Il aime "l’exigence" de ce métier de précision et le fait de donner des formes au verre grâce des outils abrasifs. Bref, "travailler la matière".