Parole d'expert
Les besoins du secteur agricole
Dominique Boucherel, président de l’Anefa (Agence nationale paritaire pour l’emploi et la formation en agriculture)
Travailler dans l’agriculture ne se réduit pas à une fourche, une brouette et des bottes. Quelles sont les compétences requises ? Quels sont les enjeux du secteur ? Dominique Boucherel, président de l’Anefa, l’agence nationale paritaire pour l’emploi et la formation en agriculture, nous répond.
Si on vous demande : pourquoi j’irais travailler dans l’agriculture ?
Tout d’abord, pour la variété des activités. En élevage par exemple, dans une même journée, il faut traire les vaches, alimenter les animaux, effectuer des travaux à l’intérieur des bâtiments, mais aussi implanter les prairies et semer les céréales, etc. Les activités varient notamment suivant les saisons. Évoluer en plein air peut aussi être attractif. Enfin, il s’agit de travailler avec du vivant, que ce soient des humains, des animaux, des végétaux, et au rythme de la nature.
Quels sont les besoins aujourd’hui ?
Environ 30 000 emplois sont non pourvus en agriculture, principalement en viticulture et arboriculture, puis dans le maraîchage, dans la culture des fruits et légumes. Et dans une moindre mesure, le secteur de l’élevage et la robotisation qui demande toujours un appui humain derrière. Globalement, près de la moitié des exploitants et salariés agricoles vont partir à la retraite dans les 10 années à venir. Il faut pouvoir les remplacer afin de continuer à pouvoir se nourrir quotidiennement en fruits, légumes, viande, fromage... pour assurer la souveraineté alimentaire.
Et les compétences attendues ?
Le salarié agricole doit être polyvalent et faire preuve d’autonomie. Il sait s’adapter au quotidien, en étant tributaire du climat, appréhender et anticiper les choses pour être réactif. Un certain nombre de salariés ont de fait un BTS au minimum. L'utilisation des nouvelles technologies demande des compétences particulières liées à l’électronique embarquée dans les tracteurs, l’utilisation de drones, l’analyse des données sur la température, l’humidité... Une autre compétence recherchée : savoir encadrer des équipes, en tant que chef de culture ou maître de chai par exemple. Le secteur emploie dans ce cas des diplômés entre bac + 3 et bac + 5.