Christophe Debard, ingénieur
système inspiré et inspirant
Publication : 9 mai 2023
Publication : 9 mai 2023
S’il a choisi de transformer sa peur et sa culpabilité en optimisme et résilience, cela d’abord été pour réconforter sa mère et faire bonne figure : "Cela m’a permis de comprendre la chance que l’on a d’être en bonne santé, de voir les choses positives et l’intérêt de l’altruisme. Cela a été une expérience très formatrice et je me dis que j’ai eu beaucoup de chance parce que je suis encore en vie et j’ai appris des choses qui me servent dans ma vie personnelle et professionnelle". Mais ce qu’il retient de cette période est l’importance de vivre dans l’instant présent et de ce qu’il appelle le principe des "petits pas". C’est par la patience, le travail, l’acceptation d’un temps nécessaire qu’il a pu remonter sur ses jambes, marcher, gravir des escaliers puis courir. Comme dans la vie.
Il a très tôt décidé de "transformer l’adversité en une opportunité et de faire de sa faiblesse une réelle force". Il a souffert du regard des autres, mais il allait tenter de transformer cela. Christophe avait trouvé le sens qu’il voulait donner à sa vie : aider les autres et le ProtoSpace d’Airbus (lieu de prototypage) allait l’aider. Encouragé par une rencontre déterminante, il a choisi d’agir pour le bien commun en créant notamment des prothèses qui feraient évoluer le regard des gens. Pour cela, il a fallu se former, demander un peu d’aide. Le résultat a dépassé ses attentes : "En moins de 6 mois, on a fabriqué sur notre temps libre une prothèse avec de la peinture électroluminescente qui la rendait plus "cool". Cela a changé le regard des personnes autour de moi et j’ai surtout pu parler du handicap. Moi qui n’aimais pas parler en public, cela a été très formateur. J’ai commencé en étant plutôt mauvais puis j’ai progressé jusqu’à faire le TEDx. Quand j’ai vu la joie des personnes de participer à ce projet, je me suis dit qu’il fallait continuer et faire autre chose. En 2018, j’ai pris la relève du ProtoSpace en le dirigeant". La même année, Humanity Lab naissait avec comme objectif de fédérer les gens autour de questions sociétales et recouvrir les domaines de l’environnement, l’éducation, du handicap, la santé, l’humanitaire. De là naquirent différents projets bénévoles : création d’une prothèse de bras pour une petite fille, d’une éolienne pour une école en Colombie, d’un fauteuil roulant d’un athlète de haut niveau de parabadminton ou de lames de course moins onéreuses contenant des chutes de carbone issues de l’industrie aéronautique. "Penser que les choses sont impossibles, c’est ne pas faire confiance dans la passion des gens."
Après sa maladie et son amputation, Christophe a suivi quelques mois d’école à distance. Il a repris, ensuite sa scolarité et obtenu un bac scientifique puis un bac + 2 en informatique même si son cœur balançait davantage pour des métiers artistiques comme l’infographie par exemple. "J’ai choisi la facilité, le chemin de moindre résistance et n’ai pas fait l’effort d’aller chercher les écoles, etc. Je suis allé dans une école d’informatique avec un peu d’infographie pour intégrer le monde professionnel à 20 ans." Il a travaillé dans plusieurs sociétés de services à Aix-en-Provence puis dans le milieu aéronautique un peu par hasard : d’abord chez Airbus Helicopter dans la programmation puis chez Dassault aviation sur les essais en vol. Il a trouvé sa passion et a naturellement intégré Airbus sur la partie système maintenance de l’A350 en 2012 en tant qu’ingénieur puis en dirigeant le ProtoSpace dès 2018.
"Ne pas avoir plein de choses mais être fier de ce qu’on fait chaque jour." Telle est sa définition du succès et de la réussite. Avec comme seule ambition d’améliorer le quotidien des gens, Christophe a trouvé ce qui faisait sens pour lui en entrainant avec lui de nombreux bénévoles. Même si trouver sa passion est essentiel, cela nécessite une réelle implication : "La passion demande des efforts supplémentaires pour la trouver et la développer. Il convient d’être exposé à beaucoup de choses et d’être curieux. Une fois identifiée, il faut tenter sa chance pour pouvoir l’assouvir et ne pas avoir de regrets. Si je n’avais jamais fourni d’efforts en plus de mon travail, je n’aurais jamais été là où je suis actuellement. La connaissance, elle, s’acquiert. Les croyances limitantes du type "je n’ai pas fait les études" doivent être écartées tout en essayant de choisir le bon chemin. Petits pas après petits pas, en tenant bon et en saisissant des opportunités, on peut développer des choses extraordinaires". La preuve…