Quels métiers demain ?
Des métiers au service des autres
Date de publication : 25 septembre 2020
Enseignants, professionnels de la santé et du soin, métiers de bouche… ces professions se déclinent en fonction du contexte : un assistant social ne fait pas la même chose s’il travaille dans le service d’une grande entreprise ou dans un centre communal.
Des jeunes pros témoignent
Mon parcours.
"J’ai un parcours atypique !" annonce d’emblée Violaine. Après avoir passé à Lyon un brevet de technicien des métiers du spectacle, spécialisé en maquillage, elle a créé une entreprise avec une amie rencontrée lors de sa formation : une ligne de bijoux qui a existé durant 5 ans. Mais ne gagnant pas assez d’argent, elle s’occupait un week-end sur deux, en alternance avec une autre amie, d’une vieille dame qui avait besoin d’aide. "Cela me plaisait bien. Et je me sentais compétente, même si je m’étais formée sur le tas." Aussi s’est-elle spécialisée dans l’aide à domicile, trouvant à chaque fois ses employeurs par elle-même, rémunérée au moyen du Cesu (Chèque emploi service universel).
Mon quotidien.
"Mon quotidien varie beaucoup selon les contrats", explique Violaine. Ainsi, elle s’est occupée de deux vieilles dames atteintes de la maladie d’Alzheimer, dont une ne pouvait rester seule, d’une jeune fille en situation de handicap, d’une autre autiste… Actuellement, elle a un contrat de 12 heures par jour pour s’occuper d’une jeune fille en fauteuil roulant qui souffre de la maladie des os de verre. Alors qu’auparavant sa journée était rythmée par les trajets entre ses différents employeurs, Violaine se consacre désormais à cette personne. Le travail, précise-t-elle, peut être très différent, parfois très technique, avec des soins d’hygiène, d’autres fois consistant à "tenir compagnie". Les trajets ne sont jamais très longs dans une ville comme Lyon. Mais aujourd’hui, elle envisage une reconversion car elle souhaiterait habiter à la campagne.
Mes atouts.
Après être partie durant 1 an en voyage "pour le plaisir", Violaine a repris son travail d’auxiliaire de vie. "Ce qui me plaît le plus est le lien avec la personne. Si je la vois tous les jours, cela peut être très enrichissant", explique-t-elle. "Il faut de la patience", précise néanmoins Violaine. "Lorsqu’on s’occupe de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, on peut avoir à répondre plusieurs fois aux mêmes questions." Il faut aussi un bon sens de l’adaptation : "On pénètre dans l’intimité des gens, il faut faire attention à ne pas être intrusif."
Mon parcours
Après un CAP charcutier-traiteur en 2 ans et une mention traiteur obtenue en 1 an au CFA Val-de-Reuil près de Rouen, Damien est parti à Lyon pour passer un BP dans le même domaine au sein des Compagnons du Devoir, avant de passer une année à Toulouse à travailler en alternance, puis une autre à Tours. Il est désormais à Bordeaux en 2de année de BM traiteur-organisateur de réceptions tout en percevant un salaire au sein d’une entreprise qui organise des réceptions et événements.
Mon quotidien
Damien gère des prestations de réception. Lorsqu’une commande lui parvient, il établit un devis et organise tout en prévoyant le personnel et le matériel nécessaire (pour la réchauffe, le service, les tables, les nappes…). "Il faut être à l’écoute du client, explique-t-il, et, au-delà de la logistique technique, s’occuper de la gestion commerciale." Mais ce qu’il préfère, c’est le véritable travail de charcutier : "Réaliser des pâtés, de la saucisserie, réparer le demi-porc, le couper, le séparer en morceaux, le mettre en sel, le cuire…"
Mes atouts
"J’aime transformer un produit de base en un aliment plus élaboré", explique Damien, qui souhaiterait plus tard faire de la formation pour transmettre ce qu’il a appris. Surtout, dit-il, c’est "un métier convivial de partage".
Mon parcours.
"Ma surdité est profonde, bilatérale, congénitale, et je porte un implant cochléaire depuis l’âge de 10 ans en complément d’aides auditives"classiques" ", raconte Mathilde. Sa scolarité s’est déroulée en intégration avec l’aide de codeurs en LFPC (langue française parlée complétée) pour suivre les cours. Elle a passé un bac scientifique, puis intégré la PACES (ex-1re année commune aux études de santé) en 2010, où elle a bénéficié du tiers-temps pour les examens, et de l’aide financière et morale de la mission handicap de son université, qui lui a été "très précieuse", dit-elle. Admise en odontologie, elle a suivi 5 ans d’études, dont un séjour Erasmus en Belgique de 5 mois. Les professeurs ont la plupart du temps été compréhensifs et bienveillants à son égard : "Pour les travaux pratiques, nous portons des masques. Je leur ai expliqué et rappelé à plusieurs reprises que ça m’empêchait de lire sur les lèvres ! Ils l’ont ôté le temps des explications et cela a assez bien marché." Elle a facilement trouvé du travail grâce à son réseau : "Je n’ai pas eu à subir de résistances provoquées par mon handicap", explique-t-elle. Actuellement, elle travaille en libéral comme chirurgienne-dentiste pédiatrique.
Mon quotidien.
Elle reçoit en consultation des enfants entre 3 et 15 ans, les soigne le cas échéant et fait beaucoup de prévention. "C’est un métier manuel et relationnel, très exigeant et parfois source de stress", souligne Mathilde. Elle communique oralement avec ses patients, n’hésite pas à les faire répéter ou à les informer de sa surdité. Certains des enfants sont eux-mêmes sourds ! "Leurs parents sont alors ravis de voir que je peux plus facilement me mettre à leur place", témoigne-t-elle. Mathilde travaille 5 jours par semaine, alternant journées intenses et demi-journées. Des moments de repos bienvenus, car son métier demande une "attention soutenue, aussi bien pour comprendre ce qui se dit que pour les actes techniques où la concentration est de rigueur".
Mes atouts.
"J’aime mes petits patients, explique Mathilde. Quand ça se passe bien, ils me le montrent. J’ai une collection de dessins affichés au mur et cela fait très plaisir !" Elle apprécie aussi le côté manuel d’une profession qui exige des études longues et difficiles. "Il faut bien s’entourer, ajoute-t-elle. La famille et les amis sont précieux. La persévérance paie, avec, à la clé, un beau métier !"
Mon parcours.
"J’ai toujours voulu travailler dans le domaine médical ou paramédical", se souvient Clémence. Après un bac scientifique et 2 premières années de fac de médecine, cette Nancéenne s’est inscrite dans un Ifsi (institut de formation en soins infirmiers), passage obligatoire pour devenir infirmière. Après ses 3 années de formation et le diplôme en poche, Clémence a travaillé à l’hôpital pendant 4 ans. "Soins intensifs, urgences, réanimation, j’ai fait plusieurs services, mais les conditions de travail y sont très difficiles et il y a un vrai manque de reconnaissance", regrette-t-elle. Elle travaille donc depuis 6 mois comme remplaçante dans un cabinet de la banlieue lyonnaise, consciente toutefois que le passage par l’hôpital était obligatoire pour y parvenir.
Mon quotidien.
Ses journées sont bien remplies. "Je vois environ 40 patients par jour, quasi exclusivement à leur domicile, explique Clémence. J’interviens de 6 h 30 à 13 h puis de 16 h 30 à 19 h 30." Mais au-delà des visites chez les patients, le travail d’infirmière libérale implique diverses tâches administratives. "Je fais des journées de plus de 12 heures, mais je travaille 13 jours par mois », précise-t-elle. Les actes chez les patients sont variés : pansement, injection, préparation de pilulier… il faut réaliser l’ensemble des soins infirmiers prescrits par le médecin. Et se former régulièrement : "Les possibilités d’apprendre sont quasi infinies, on peut être infirmier dans tellement de domaines. Et c’est passionnant de pouvoir suivre son patient de A à Z." Exercer en libéral offre de meilleures conditions de travail qu’à l’hôpital, estime Clémence. "On est son propre patron, il n’y a pas de pression de la hiérarchie ou de lits à remplir." Une certaine précarité constitue le revers de la médaille : "L’assurance de travailler n’est jamais garantie. Si on est malade ou si on part en vacances, on n’est pas payé."
Mes atouts.
"C’est une vocation, il faut être à fond dedans, explique Clémence. L’infirmier entre dans l’intimité du patient. C’est du social, de la psychologie, mais quand on aime l’humain, c’est génial." Empathie, organisation, écoute, et également bonne humeur, sont des qualités qu’elle mobilise au quotidien.
Mon parcours.
Alors qu’elle avait entamé des études de droit, Emiko intègre un master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) pour préparer le concours de professeur des écoles : "Déjà petite, je voulais devenir "maîtresse"." Ce master, estime-t-elle, lui a été précieux. Notamment grâce aux stages et au volet pédagogique, très présents. La jeune femme exerce depuis septembre 2014 à Paris. Après une première expérience où elle partageait son temps entre deux établissements, elle a demandé un poste de titulaire remplaçant secteur qu’elle a obtenu en 2016. Emiko intervient ainsi en complément d’enseignants qui travaillent à temps partiel et les remplace les jours où ils sont absents. Sa semaine se partage donc entre plusieurs classes, de la moyenne section de maternelle au CM2, au sein de trois écoles publiques du 5e et du 6e arrondissement.
Mon quotidien.
Gérer des classes de primaire, ce n’est pas facile ! Il faut prévoir des exercices supplémentaires pour ceux qui ne rencontrent pas de difficultés, pendant qu’on travaille individuellement avec ceux qui ont moins bien compris. Mais Emiko a déjà une ancienneté de 5 ans, dont 1 année passée à enseigner en Allemagne. Aussi a-t-elle acquis beaucoup de "bons réflexes" : savoir arrêter une activité avant qu’elle n’excite trop les enfants, sentir
si elle s’exprime de façon trop compliquée pour des petits… Le fait d’enseigner à des classes différentes chaque jour lui plaît parce qu’elle côtoie des enfants d’âges variés. Cela permet, précise-t-elle, "de prendre du recul sur les éventuelles difficultés avec les élèves, les collègues et les parents".
Mes atouts.
Globalement, "les journées se suivent et ne se ressemblent pas. J’ai le sentiment de participer à la construction des enfants". Notamment avec ceux de la petite section, qu’elle a suivis lors de son stage l’année dernière : "Les amener à devenir progressivement des élèves de maternelle, c’est très gratifiant", conclut-elle.
Mon parcours.
Parti du Bangladesh en 2012, Ibrahim a passé un bac pro cuisine en alternance avant d’entamer un BTS management en hôtellerie-restauration option management d’unité de production culinaire, qu’il prépare aujourd’hui tout en travaillant. "Déjà tout petit, j’aimais cuisiner. Et trouver un travail dans la restauration est très facile car le secteur recrute." Son parcours l’illustre à merveille : en classe de 2de, à l’occasion d’un forum organisé par son établissement, Ibrahim rencontre des recruteurs et réussit à intégrer sa première entreprise dans le cadre d’un contrat d’apprentissage. Au bout de 2 ans, il répond à une offre d’emploi sur Internet et démarre au Café de l’Homme, à Paris, près de la place du Trocadéro. Couronné meilleur apprenti de France en 2015, il a reçu, dit-il, "beaucoup de propositions pour travailler avec de grands chefs". Aujourd’hui, il est sous-chef exécutif dans le restaurant d’un hôtel 4 étoiles sur l’île de Porquerolles dans le Var. Un emploi qu’il a trouvé en répondant à une offre postée sur le site Internet du journal professionnel L’Hôtellerie-restauration.
Mon quotidien.
En tant que sous-chef, Ibrahim cuisine, dirige la brigade d’une quinzaine de cuisiniers en l’absence du chef, crée des plats avec celui-ci en fixant notamment leurs prix. "J’adore transformer les aliments pour en faire quelque chose de beau et de bon. Il faut aimer créer et inventer dans ce métier. La cuisine, c’est une affaire de sensibilité avant tout." Il aime également transmettre son savoir-faire à de jeunes cuisiniers : "Le management me plaît car le métier de chef, ce n’est pas seulement travailler avec des produits magnifiques, comme je le fais ici tous les jours, mais aussi avec des personnes."
Mes atouts.
L’hôtel dans lequel Ibrahim exerce son métier se situe sur l’île de Porquerolles, au sein d’une réserve naturelle. Il travaille avec des producteurs et des pêcheurs locaux, qui lui proposent des légumes et des poissons à transformer : "Je travaille dans un cadre exceptionnel avec des produits magnifiques", dit-il. C’est aussi un travail de précision. Il l’a notamment constaté lors des épreuves pour devenir meilleur apprenti de France. "Les jurys examinent tout", se souvient-il : soin apporté à la préparation des plats, état des vêtements de cuisine, présentation et, bien sûr, goûts des mets. Ibrahim doit encore valider sa 2de année de BTS. "Plus tard, j’aimerais ouvrir mon propre restaurant et, pour cela, je dois continuer mes études, parfaire mes connaissances en gestion, mais aussi acquérir encore de l’expérience et mettre de l’argent de côté."